Différences entre les versions de « Georges Bernanos »

 
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== Citations ==
  
« Que d’hommes qui crurent aussi en avoir fini pour toujours des entreprises de l’âme, s’éveillèrent entre les bras de leur ange, ayant reçu au seuil de l’enfer ce don sacré des larmes, ainsi qu’une nouvelle enfance ! »
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« Cette civilisation est une civilisation de consommation, qui durera aussi longtemps qu’il y aura quelque chose à consommer. »
*[http://fr.wikipedia.org/wiki/Georges_Bernanos Georges Bernanos], ''L'Imposture'' (1927), in ''Œuvres romanesques complètes'', t. 1, éd. Gallimard, coll. Bibliothèque de la Pléiade, p. 380
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« [...] '''la civilisation européenne s’écroule et on ne la remplace par rien, voilà la vérité.''' À la place de ces immenses épargnes accumulées de civilisation, d’humanité, de spiritualité, de sainteté, on offre de déposer un chèque sans provision, signé d’un nom inconnu, puisqu’il est celui d’une créature encore à venir. Nous refusons de rendre l’Europe. Et d’ailleurs, on ne nous demande pas de la rendre, on nous demande de la liquider. Nous refusons de liquider l’Europe. Le temps de liquider l’Europe n’est pas venu, s’il doit jamais venir. Il est vrai que le déclin de l’Europe ne date pas d’hier, nous le savons. Nous savons aussi que le déclin de l’Europe a marqué le déclin de la civilisation universelle. L’Europe a décliné dans le moment où elle a douté d’elle-même, de sa vocation et de son droit. »
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« La civilisation européenne s’écroule et on ne la remplace par rien, voilà la vérité. »
*[http://fr.wikipedia.org/wiki/Georges_Bernanos Georges Bernanos], conférence du 12 septembre 1946 à Genève, in ''Rencontres internationales de Genève, Tome 1, 1946 : L'esprit européen'', éd. Les Éditions de la Baconnière, 1947, coll. Histoire et société d'aujourd'hui, p. 280
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« '''La colère des imbéciles remplit le monde.''' Il n'y a plus grande moisson à attendre d'un monde où les incultes ne produisent naturellement que des chardons, et où ceux qui se disent "cultivés" sont si soigneusement ratissés, roulés, nivelés, qu'il ne pousse absolument rien dedans. »
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« Si l’Europe n’a plus foi en elle, il y a encore dans le monde des millions d’hommes qui ont encore cette foi, qui pensent à l’Europe — de temps en temps du moins — comme à leur dernière chance. »
*[http://fr.wikipedia.org/wiki/Georges_Bernanos Georges Bernanos], Lettre à J. De Salles, 1939
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« [...] les souvenirs de guerre ressemblent aux souvenirs de l'enfance. »
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« '''La menace qui pèse sur le monde est celle d’une organisation totalitaire et concentrationnaire universelle qui ferait, tôt ou tard, [...] de l’homme libre une espèce de monstre réputé dangereux pour la collectivité tout entière''' [...]. Le communisme disparaîtrait demain, comme a disparu l’hitlérisme, que le monde moderne n’en poursuivrait pas moins son évolution vers ce régime de dirigisme universel auquel semblent aspirer les démocraties elles-mêmes.
*[http://fr.wikipedia.org/wiki/Georges_Bernanos Georges Bernanos], ''Les Grands Cimetières sous la lune'', dans ''Essais et écrits de combat, I'', éd. Gallimard, coll. Bibliothèque de la Pléiade, 1971, p. 472
 
  
« La civilisation française, héritière de la civilisation hellénique, a travaillé pendant des siècles pour former des hommes libres, c’est-à-dire pleinement responsables de leurs actes : la France refuse d’entrer dans le Paradis des Robots. »
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Qu’est-ce qui peut bien rester de l’homme ?... [...] il est englobé corps et âme dans l’économie, c’est l’apparition réelle d’une nouvelle espèce d’homme, l’homme économique, l’homme [...] qui n’a pas de prochain mais des choses. [...]
*[http://fr.wikipedia.org/wiki/Georges_Bernanos Georges Bernanos], ''La France contre les robots'' (1947)
 
  
« Il n'existe pas de race française. La France est une nation, c'est-à-dire une œuvre humaine, une création de l'homme; notre peuple [...] est composé d'autant d'éléments divers qu'un poème ou une symphonie. »
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Le seul problème qui se pose aujourd’hui, parce que de sa solution dépend le sort de l’humanité, n’est pas un problème de régime politique ou économique — démocratie ou dictature, capitalisme ou communisme – c’est un problème de civilisation. On dit volontiers cette civilisation inhumaine [...], usurpant ainsi, grâce aux prodigieuses ressources de sa technique, la puissance même de Dieu ? [...]
*[http://fr.wikipedia.org/wiki/Georges_Bernanos Georges Bernanos], ''Le chemin de la Croix-des-Âmes'', éd. Gallimard, 1948, p. 423
 
  
« '''Le monde moderne n'a pas le temps d'espérer, ni d'aimer, ni de rêver.''' »
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Il s’agit de savoir si la technique disposera corps et âmes des hommes à venir, si elle décidera, par exemple, non seulement de leur vie et de leur mort, mais des circonstances de leur vie, comme le technicien de l’élevage des lapins dispose des lapins de son clapier. [...]
*[http://fr.wikipedia.org/wiki/Georges_Bernanos Georges Bernanos], ''Les Enfants humiliés'' (1949), éd. Gallimard, 1949, p. 251
 
  
« '''On ne comprend absolument rien à la civilisation moderne si l'on n'admet pas d'abord qu'elle est une conspiration universelle contre toute espèce de vie intérieure.''' Hélas ! La liberté n'est pourtant qu'en vous, imbéciles ! »
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Le spéculateur [dispose] des machines, grâce aux machines [il dispose] de la puissance. [Il crée ainsi], en un temps fabuleusement court, par le seul miracle de la technique, de toutes les techniques, y compris celle qui permet non pas seulement de contrôler l’opinion universelle, mais de la faire, créé une civilisation à l’image d’un homme prodigieusement diminué, amoindri, non plus fait à l’image de Dieu, mais à celle du spéculateur – c’est-à-dire d’un homme réduit au double état, également misérable, de consommateur et de contribuable. [...]
*[http://fr.wikipedia.org/wiki/Georges_Bernanos Georges Bernanos], ''La France contre les robots'' (1947)
 
  
« Ce qui m'épouvante - Dieu veuille que je puisse vous faire partager mon épouvante ! - ce n'est pas que le monde moderne détruise tout, c'est qu'il ne s'enrichisse nullement de ce qu'il détruit. En détruisant, il se consomme.Cette civilisation est une civilisation de consommation, qui durera aussi longtemps qu'il y aura quelque chose à consommer. Oh! je sais qu'il vous en coûte de la tenir pour telle alors que son unique loi paraît être, précisément, la production, et même la production à outrance, la production sans mesure.
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Votre pensée n’est plus libre. Jour et nuit, presque à votre insu, la propagande, sous toutes ses formes, la traite comme un modeleur le bloc de cire qu’il pétrit entre ses doigts. [...]
  
Mais cette production monstrueuse, ce gigantisme de la production, est précisément le signe du désordre auquel, tôt ou tard, elle ne peut manquer de succomber.
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La formation de l’homme totalitaire précède la formation du régime totalitaire. Évidemment, l’espèce de citoyen dont je viens de parler est plus commode à manier qu’une autre, et les démocraties trouvent que c’est là un matériel humain qui facilite grandement leurs expériences de dirigisme les plus absurdes, pour ne pas dire les plus désespérées. Les démocraties, à coup de règlements contradictoires, sont en train de créer tout doucement un type d’homme parfaitement adapté d’avance aux dictatures. »
En détruisant, elle se consomme. En produisant, elle se détruit.
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La civilisation mécanique et concentrationnaire produit des marchandises et dévore les hommes. On ne saurait fixer de limites à la production des marchandises.
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« '''Le monde moderne n’a pas le temps d’espérer, ni d’aimer, ni de rêver.''' »
La civilisation mécanique ne s'arrêtera de produire des marchandises que dans le moment qu'elle aura dévoré les hommes. Elle les aura dévorés dans les guerres, en masses énormes et par monceaux, mais elle les aura aussi dévorés un par un, elle les aura vidés un par un de leur moelle, de leur âme, de la substance spirituelle qui les faisait hommes.
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Et ce serait aussi folie, je le vois maintenant, de la croire capable de rendre un jour heureux, dans un monde fait pour eux, ces hommes déshumanisés. Elle les détruira en périssant elle-même, ils périront avec elle, si de tels hommes peuvent encore prétendre au droit et à l'honneur de mourir.
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« '''La gigantesque machinerie nous couvre de son ombre sacrée.''' [...] La classe dirigeante moderne a bénéficié longtemps de ce mythe, le mythe du progrès a plus ou moins justifié depuis deux siècles la résignation des misérables. »
*[http://fr.wikipedia.org/wiki/Georges_Bernanos Georges Bernanos], ''La liberté pour quoi faire'' ?, 12 septembre 1946
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« '''[...] les dictateurs ne se présentent plus à leur peuple le fouet au poing, ils lui disent : Nous n’en voulons à rien qui te soit réellement utile, nous n’en voulons qu’à ton âme. Consens à nous, comme tu consens aux autres nécessités de la vie ; ne discute pas notre droit, laisse-nous juger à ta place du bien et du mal. Donne-nous ton âme une fois pour toutes, et tu t’apercevras bien vite qu’il ne t’en a coûté qu’un sacrifice d’amour-propre, qu’elle t’était une charge au-dessus de tes forces, un luxe ruineux.''' Renie ton âme, et, dispensé ainsi de te gouverner, nous t’administrerons comme un capital, nous ferons de toi un matériel si efficace, que rien ne pourra y résister. Les hommes sans conscience, groupés en colonies comparables à celles des termites, auront facilement raison des autres. La Bête humaine, industrieuse et sagace, soigneusement sélectionnée, selon les meilleures méthodes, ne fera qu’une bouchée du pauvre rêveur qu’on appelait autrefois l’homme moral, assez sot pour payer d’épreuves sans nombre la vaine gloire de se distinguer des animaux par d’autres qualités qu’une ruse et une cruauté supérieures. Toutes les richesses de la terre appartiennent d’avance à ceux qui se seront engagés les premiers dans la nouvelle voie, qui auront les premiers renié leurs âmes [...]. »
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« '''Les Français n’ont plus de patrie''' [...].
*[http://fr.wikipedia.org/wiki/Georges_Bernanos Georges Bernanos], ''Lettres aux Anglais'', éd. Gallimard, coll. Point, 1946, pp. 145-146
 
  
« '''Il ne s’agit pas d’édifier à grand peine des institutions libérales, il s’agit d’avoir encore des hommes libres à mettre dedans.''' »
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'''On a substitué au sentiment de la patrie la notion juridique de l’État'''. Aucun homme de bon sens ne saurait, naturellement, traiter l’État en camarade. On a volé aux Français sinon la Patrie, du moins l’image qu’ils en avaient dans le cœur. Se former une image de l’État n’est certes pas à la portée des pauvres diables. Autant leur demander de se faire une idée de l’Église sans le Christ et les Évangiles — sorte de spéculation réservée aux initiés maurrassiens. [...]
*[http://fr.wikipedia.org/wiki/Georges_Bernanos Georges Bernanos], ''La France contre les robots'' (1947)
 
  
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La France ne ressemble plus aux Français, elle n’a ni leurs vertus ni leurs vices, ni aucun de ces défauts qui leur sont plus chers que leurs vices ou leurs vertus, elle ne parle même pas leur langage, elle ne dit rien, elle est l’idole muette d’un peuple bavard. L’État s’est substitué à la Patrie comme l’administration cléricale se serait substituée, depuis longtemps – si Dieu n’y mettait ordre – à la moribonde Chrétienté. [...]
  
« Il nous faut ce courage pour agir. Il nous le faut aussi pour penser. Oh ! sans doute, une nation qui rassemble ainsi ses forces ne répond pas à l'idée que les imbéciles se font d'un pays uni sous les espèces d'un rassemblement de braves badauds en manches de chemise qui cassent la croûte ensemble et boivent au même goulot. '''Un grand peuple qui se rassemble pour faire face ne saurait le faire sans inquiéter ni choquer personne'''. Un grand peuple ne se rassemble pas sans risque. Un grand peuple se rassemble sur ses élites, ce qui ne veut pas dire telle ou telle classe de citoyens, mais sur ceux qui sont disposés à prendre ce risque. Le risque de penser comme celui d'agir, car une pensée qui n'agit pas n'est pas grand chose, et une action qui ne se pense pas, ce n'est rien. La pensée d'un grand peuple n'est d'ailleurs nullement la somme des opinions contradictoires de cent mille intellectuels qui pensent le plus souvent selon leurs humeurs, qui pensent comme on se gratte où ça démange. La pensée d'un grand peuple, c'est sa vocation historique. Il ne s'agit donc pas de distinguer entre notre pensée et notre force, puisque c'est notre pensée qui justifie notre force. »
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'''On a volé la France aux Français, depuis qu’on leur a mis dans la tête que la France était uniquement l’œuvre de l’État, non la leur, que le seul devoir des bons Français était de faciliter la tâche de l’État.''' »
*[http://fr.wikipedia.org/wiki/Bernanos Georges Bernanos], ''La France devant le monde de demain''
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« La prière est, en somme, la seule révolte qui se tienne debout. »
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« '''Le danger n’est pas dans la multiplication des machines, mais dans le nombre sans cesse croissant d’hommes habitués, dès leur enfance, à ne désirer que ce que les machines peuvent donner.''' »
*[http://fr.wikipedia.org/wiki/Bernanos Georges Bernanos], ''Les Grands Cimetières sous la lune'', dans ''Essais et écrits de combat, I'', éd. Gallimard, coll. Bibliothèque de la Pléiade, 1971, p. 364
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« Pour être un héros, il faut avoir au moins une fois en sa vie senti l'inutilité de l'héroïsme et de quel poids infime pèse l'acte héroïque dans l'immense déroulement des effets et des causes, réconcilié son âme avec l'idée de la lâcheté, bravé par avance la faible, l'impuissante, l'oublieuse réprobation des gens de bien, senti monter jusqu'à son front la chaleur du plus sûr et du plus profond repaire, l'universelle complicité des lâches, toujours béante, avec l'odeur des troupeaux d'hommes. Qui n'a pas une fois désespéré de l'honneur ne sera jamais un héros. »
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« L’heure viendra peut-être où il sera de nouveau digne de défendre son âme contre l’État-Robot. Mais l’État-Robot ne se préoccupe même plus de l’âme, il n’en veut maintenant qu’à la peau, il faut que l’homme sauve sa peau. »
*[http://fr.wikipedia.org/wiki/Georges_Bernanos Georges Bernanos], ''Scandale de la vérité'', dans ''Essais et écrits de combat, I'', éd. Gallimard, coll. Bibliothèque de la Pléiade, 1971, p. 580-581
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« [...] '''les régimes jadis opposés par l’idéologie sont maintenant étroitement unis par la technique.''' »
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« La civilisation française, héritière de la civilisation hellénique, a travaillé pendant des siècles pour former des hommes libres, c’est-à-dire pleinement responsables de leurs actes : la France refuse d’entrer dans le Paradis des robots. »
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« Dans la lutte plus ou moins sournoise contre la vie intérieure, la Civilisation des Machines ne s’inspire, directement du moins, d’aucun plan idéologique, elle défend son principe essentiel, qui est celui de la primauté de l’action. La liberté d’action ne lui inspire aucune crainte, c’est la liberté de penser qu’elle redoute. Elle encourage volontiers tout ce qui agit, tout ce qui bouge, non sans raison, que ce que nous donnons à la vie intérieure est perdu pour la communauté. Lorsque l’idée du salut a une signification spirituelle, on peut justifier l’existence des contemplatifs — c’est ce que fait l’Église au nom de la réversibilité des mérites et de la Communion des Saints. Mais dès qu’on a fait descendre du ciel sur la terre l’idée du salut, si le salut de l’homme est ici-bas, dans la domination chaque jour plus efficiente de toutes les ressources de la planète, la vie contemplative est une fuite ou un refus. Pour employer une autre expression de l’avant-dernière guerre, '''dans la Civilisation des Machines tout contemplatif est un embusqué.''' »
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« [...] '''l’État technique n’aura demain qu’un seul ennemi : “l’homme qui ne fait pas comme tout le monde” — ou encore : “l’homme qui a du temps à perdre” — ou plus simplement si vous voulez : “l’homme qui croit à autre chose qu’à la Technique”.''' »
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« J’affirme une fois de plus que l’avilissement de l’homme se marque à ce signe que les idées ne sont plus pour lui que des formules abstraites et conventionnelles, une espèce d’algèbre, comme si le Verbe ne se faisait plus chair, comme si l’Humanité reprenait, en sens inverse, le chemin de l’Incarnation. »
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« '''L’homme d’autrefois ne ressemblait pas à celui d’aujourd’hui.''' [...] Il n’eût jamais appartenu aux troupeaux que nous voyons s’avancer tristement les uns contre les autres, en masses immenses derrière leurs machines, chacun avec ses consignes, son idéologie, ses slogans [...] et répétant jusqu’à la fin, avec la même résignation imbécile, la même conviction mécanique : “C’est pour mon bien... c’est pour mon bien...”  Loin de penser comme nous, à faire de l’État son nourricier, son tuteur, son assureur, l’homme d’autrefois n’était pas loin de le considérer comme un adversaire contre lequel n’importe quel moyen de défense est bon, parce qu’il triche toujours. »
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« Une civilisation ne s’écroule pas comme un édifice ; on dirait beaucoup plus exactement qu’elle se vide peu à peu de sa substance, jusqu’à ce qu’il n’en reste plus que l’écorce. On pourrait dire plus exactement encore qu’une civilisation disparaît avec l’espèce d’homme, le type d’humanité, sorti d’elle. L’homme de notre civilisation de la civilisation française — qui fut l’expression la plus vive et la plus nuancée, la plus hellénique, de la civilisation européenne, a disparu pratiquement de la scène de l’Histoire [...]. »
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« Le petit bourgeois français n’avait certainement pas assez d’imagination pour se représenter un monde comme le nôtre si différent du sien, un monde où à chaque carrefour la Police d’État guetterait les suspects, filtrerait les passants, ferait du moindre portier d’hôtel, responsable de ses fiches, son auxiliaire bénévole et public. Mais tout en se félicitant de voir la Justice tirer parti, contre les récidivistes, de la nouvelle méthode, il pressentait qu’une arme si perfectionnée, aux mains de l’État, ne resterait pas longtemps inoffensive pour les simples citoyens. C’était sa dignité qu’il croyait seulement défendre, et il défendait avec elle nos sécurités et nos vies. Depuis vingt ans, combien de millions d’hommes, en Russie, en Italie, en Allemagne, en Espagne, ont été ainsi, grâce aux empreintes digitales, mis dans l’impossibilité non pas seulement de nuire aux Tyrans, mais de s’en cacher ou de les fuir ? Et ce système ingénieux a encore détruit quelque chose de plus précieux que des millions de vies humaines. L’idée qu’'''un citoyen, qui n’a jamais eu affaire à la Justice de son pays, devrait rester parfaitement libre de dissimuler son identité à qui lui plaît, pour des motifs dont il est seul juge''', ou simplement pour son plaisir, que toute indiscrétion d’un policier sur ce chapitre ne saurait être tolérée sans les raisons les plus graves, cette idée ne vient plus à l’esprit de personne. Le jour n’est pas loin peut-être où il nous semblera aussi naturel de laisser notre clef dans la serrure, afin que la police puisse entrer chez nous nuit et jour, que d’ouvrir notre portefeuille à toute réquisition. Et lorsque '''l’État jugera plus pratique, afin d’épargner le temps de ses innombrables contrôleurs, de nous imposer une marque extérieure, pourquoi hésiterions-nous à nous laisser marquer au fer, à la joue ou à la fesse, comme le bétail ? L’épuration des Mal-Pensants, si chère aux régimes totalitaires, en serait grandement facilitée.''' »
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« '''Notre peuple a le droit de se dire quitte envers les Démocraties. De 1914 à 1918, il leur a sacrifié deux millions de morts et les trois quarts de la fortune nationale. En 1939, elles lui ont demandé le sacrifice total.''' »
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« '''Un monde gagné pour la Technique est perdu pour la Liberté.''' »
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« '''Il ne s’agit pas d’édifier à grand-peine des institutions libérales, il s’agit d’avoir encore des hommes libres à mettre dedans.''' »
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« Un idiot devrait comprendre que le suffrage universel doit devenir rapidement, sous un régime capitaliste, un trust comme les autres, et, dans un Régime socialiste à tendances totalitaires, un instrument de puissance au service de l’État — ce qu’il était d’ailleurs en Allemagne. Car c’est le plébiscite qui a fait [[Adolf Hitler|Hitler]], [[Adolf Hitler|Hitler]] est sorti des entrailles du peuple, les peuples aussi font des monstres, il n’y a même qu’eux, sans doute, qui soient capables d’en faire. Me permettra-t-on une remarque à ce sujet, même si elle risque de n’être comprise par personne ? L’égalité prolétarise les peuples, les peuples deviennent des masses, et les masses donneront toujours des tyrans, car le tyran est toujours l’expression de la masse, sa sublimation. »
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« [...] '''le sacrifice de l’Homme à l’Humanité, de l’Humanité au Progrès, pour aboutir ridiculement au sacrifice du Progrès lui-même à la dictature de l’Économique, tel fut le crime auquel restera toujours attaché le mot de la Démocratie, forme bourgeoise de la Révolution.''' »
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« Certes, nous sommes encore tenus à de grands ménagements envers ce qu’on appelle l’ordre social, reprit-il sur un ton de confidence, mais que pouvons-nous désormais en sa faveur, je vous le demande ? Nous ne sommes pas des gendarmes, et notre rôle n’est que de justifier la misère aussi longtemps que la misère peut l’être. Aucune ne nous fait peur et nous avons remède à toutes, une seule exceptée, la vôtre. Je veux dire celle que vous avez inventée. Oui, monsieur, libre à vous d’instaurer un ordre d’où Dieu soit exclu, mais vous avez ainsi dénoncé le pacte. Oh ! sans doute l’antique alliance ne sera pas rompue en un jour, l’Église tient à la société, même déchue, par trop de liens ! L’heure viendra cependant où, dans un monde organisé pour le désespoir, prêcher l’espérance équivaudra tout juste à jeter un charbon enflammé au milieu d’un baril de poudre. Alors... »
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« Pour reprendre l’expression qui vous a surpris tout à l’heure, on ne peut nier que Dieu se soit fait petit depuis longtemps, très petit. D’où l’on conclut qu’il se fera petit demain comme hier, plus petit, de plus en plus petit. Rien, cependant, ne nous oblige à le croire. »
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« L’heure vient où sur les ruines de ce qui reste encore de l’ancien ordre chrétien, le nouvel ordre va naître qui sera réellement l’ordre du monde, l’ordre du Prince de ce Monde, du prince dont le royaume est de ce Monde. Alors, sous la dure loi de la nécessité plus forte que toute illusion, l’orgueil de l’homme d’Église, entretenu si longtemps par de simples conventions survivant aux croyances, aura perdu jusqu’à son objet. Et le pas des mendiants fera de nouveau trembler la terre. »
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« La haine du prêtre est un des sentiments les plus profonds de l’homme, il en est aussi l’un des moins connus. Qu’il soit aussi vieux que l’espèce elle-même, nul n’en doute, mais notre âge l’a élevé à un degré presque prodigieux de raffinement et d’excellence. C’est que l’abaissement ou la disparition des autres puissances a fait du prêtre, pourtant si étroitement mêlé en apparence à la vie sociale, un être plus particulier, plus inclassable qu’aucun des vieillards magiques que l’ancien monde tenait enfermés au fond des temples, ainsi que des animaux sacrés, dans la seule familiarité des dieux. »
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« L’enfance est le sel de la terre. Qu’elle s’affadisse, et le monde ne sera bientôt que pourriture et gangrène. Pourriture et gangrène, reprit-il d’une voix haute et forte. »
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« Le diable, qui peut tant de choses, n’arrivera pas à fonder son église, une église qui mette en commun les mérites de l’enfer, qui mette en commun le péché. D’ici la fin du monde, il faudra que le pécheur pèche seul, toujours seul – nous pécherons seuls, comme on meurt. Le diable, voyez-vous, c’est l’ami qui ne reste jamais jusqu’au bout... »
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« '''La dernière disgrâce de l’homme, fit-il, est que le mal lui-même l’ennuie.''' »
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« L’homme libre n’a qu’un ennemi, c’est l’État Païen [...]. »
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« '''Le monde moderne est là devant nous comme une immense machinerie, et, sachant ce que celle-ci a gaspillé d’argent et de travail, nous calculons ce qu’il en coûterait maintenant pour la démolir...''' »
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« Nous ne demandons pas la justice absolue, mais une organisation de l’injustice assez humaine pour que, toujours écrasante pour la chair et le sang, elle ne soit pas intolérable aux consciences. Nous ne demandons pas l’égalité, mais une organisation des inégalités telle que, s’opposant les unes aux autres, elles se compensent dans la mesure du possible. »
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« [...] '''les élites européennes sont menacées de payer très cher le dessein qu’elles avaient formé de lier à la cause de l’Église celle de la Bourgeoisie.''' »
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« Les peuples ne veulent plus d’un matérialisme camouflé, d’un matérialisme qui, pour se définir et se justifier, exploite le vocabulaire du Moral et du Spirituel, avec la complicité d’un grand nombre de chrétiens. Ils préfèrent la misère et la mort à la médiocrité insidieuse qui recouvre peu à peu notre civilisation comme d’une moisissure, à la médiocrité polytechnique, à l’affreux néant du confort. »
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« Les élites ont gardé les titres et perdu la tradition. Les peuples ont la tradition, mais pas de titres. »
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« Méfiez-vous de l’Europe, Américains ! Vous êtes sans doute un peu trop portés à croire que, au terme de cet horrible cauchemar, la vieille Europe aura épuisé toutes ses réserves spirituelles, et que vous n’aurez plus qu’à y écouler votre propre stock comme vous la réapprovisionnerez généreusement en blé ou en pommes de terre. [...] '''Méfiez-vous de l’Europe, hommes d’Amérique ! Vous êtes jeunes, elle est peut-être plus jeune que vous''' [...]. »
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« '''Les dictateurs ne se présentent plus à leur peuple, le fouet au poing ; ils lui disent : “Nous n’en voulons à rien qui te soit réellement utile, nous n’en voulons qu’à ton âme. Consens à nous, comme tu consens aux autres nécessités de la vie, ne discute pas notre droit, laisse-nous juger à ta place du bien et du mal. Donne-nous ton âme une fois pour toutes, et tu t’apercevras bien vite qu’il ne t’en a coûté qu’un sacrifice d’amour-propre, qu’elle t’était une charge au-dessus de tes forces, un luxe ruineux.''' Renie ton âme et, dispensé ainsi de te gouverner, nous t’administrerons comme un capital, nous ferons de toi un matériel si efficace, que rien ne pourra y résister. Les hommes sans conscience, groupés en colonies comparables à celles des termites, auront facilement raison des autres. La Bête humaine, industrieuse et sagace, soigneusement sélectionnée, selon les meilleures méthodes, ne fera qu’une bouchée du pauvre rêveur qu’on appelait autrefois l’homme moral, assez sot pour payer d’épreuves sans nombre la vaine gloire de se distinguer des animaux par d’autres qualités qu’une ruse et une cruauté supérieures. Toutes les richesses de la terre appartiennent d’avance à ceux qui se seront engagés les premiers dans la nouvelle voie, qui auront les premiers renié leurs âmes.” »
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« Le diable est le plus grand des logiciens ; il n’y a pas de logique comparable à la logique de l’Enfer. N’attendez donc aucun secours de la Lettre ; l’Esprit seul peut vous sauver. Croyants ou incroyants, tout affaiblissement de l’esprit chrétien est une catastrophe pour chacun de vous. Devant le péril qui nous menace, nous sommes solidaires : nous nous sauverons ou nous périrons ensemble. Le mot de charité n’a peut-être pas, pour beaucoup d’entre vous, un sens très précis, n’importe ! Chaque parcelle de la divine charité du Christ est aujourd’hui plus précieuse à votre sécurité — à votre sécurité, dis-je — que tout le numéraire enfermé dans les caisses de la Banque Nationale américaine. »
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« '''Toute l’histoire militaire française a été faite par les nobles et le peuple.''' »
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« '''La bourgeoisie a été tout en effet. Elle a détruit notre Monarchie, brisé les cadres d’une société millénaire, absorbé ou corrompu la petite noblesse paysanne et militaire dont elle méprisait la pauvreté, sans prévoir qu’elle portait ainsi un coup fatal, non à quelques braves gens inoffensifs qu’elle jalousait, mais à la tradition militaire et paysanne qui avait fait la grandeur de notre nation.''' Elle s’est emparée de notre ancien domaine, elle l’a hypothéqué au delà de sa valeur afin de le transformer selon son goût, puis elle a péri de sa propre victoire. L’actuelle bourgeoisie française n’est plus guère qu’un carrefour où se rencontrent tous les transfuges du prolétariat, et qui méprisent la classe dont ils sont sortis. »
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« '''La colère des imbéciles remplit le monde.''' »
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« '''Que d’hommes qui crurent aussi en avoir fini pour toujours des entreprises de l’âme, s’éveillèrent entre les bras de leur ange, ayant reçu au seuil de l’enfer ce don sacré des larmes, ainsi qu’une nouvelle enfance !''' »
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== Textes ==
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*[[Dans l’amitié de Léon Bloy - Georges Bernanos]]
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*[[La conquête juive - Georges Bernanos]]
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== Bibliographie ==
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Citations

« Cette civilisation est une civilisation de consommation, qui durera aussi longtemps qu’il y aura quelque chose à consommer. »

— Georges Bernanos, « La liberté, pour quoi faire ? » (1953, posthume), dans Essais et écrits de combat, éd. Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1995, t. II, p. 1366


« La civilisation européenne s’écroule et on ne la remplace par rien, voilà la vérité. »

— Georges Bernanos, « La liberté, pour quoi faire ? » (1953, posthume), dans Essais et écrits de combat, éd. Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1995, t. II, p. 1363


« Si l’Europe n’a plus foi en elle, il y a encore dans le monde des millions d’hommes qui ont encore cette foi, qui pensent à l’Europe — de temps en temps du moins — comme à leur dernière chance. »

— Georges Bernanos, « La liberté, pour quoi faire ? » (1953, posthume), dans Essais et écrits de combat, éd. Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1995, t. II, p. 1354


« La menace qui pèse sur le monde est celle d’une organisation totalitaire et concentrationnaire universelle qui ferait, tôt ou tard, [...] de l’homme libre une espèce de monstre réputé dangereux pour la collectivité tout entière [...]. Le communisme disparaîtrait demain, comme a disparu l’hitlérisme, que le monde moderne n’en poursuivrait pas moins son évolution vers ce régime de dirigisme universel auquel semblent aspirer les démocraties elles-mêmes.

Qu’est-ce qui peut bien rester de l’homme ?... [...] il est englobé corps et âme dans l’économie, c’est l’apparition réelle d’une nouvelle espèce d’homme, l’homme économique, l’homme [...] qui n’a pas de prochain mais des choses. [...]

Le seul problème qui se pose aujourd’hui, parce que de sa solution dépend le sort de l’humanité, n’est pas un problème de régime politique ou économique — démocratie ou dictature, capitalisme ou communisme – c’est un problème de civilisation. On dit volontiers cette civilisation inhumaine [...], usurpant ainsi, grâce aux prodigieuses ressources de sa technique, la puissance même de Dieu ? [...]

Il s’agit de savoir si la technique disposera corps et âmes des hommes à venir, si elle décidera, par exemple, non seulement de leur vie et de leur mort, mais des circonstances de leur vie, comme le technicien de l’élevage des lapins dispose des lapins de son clapier. [...]

Le spéculateur [dispose] des machines, grâce aux machines [il dispose] de la puissance. [Il crée ainsi], en un temps fabuleusement court, par le seul miracle de la technique, de toutes les techniques, y compris celle qui permet non pas seulement de contrôler l’opinion universelle, mais de la faire, créé une civilisation à l’image d’un homme prodigieusement diminué, amoindri, non plus fait à l’image de Dieu, mais à celle du spéculateur – c’est-à-dire d’un homme réduit au double état, également misérable, de consommateur et de contribuable. [...]

Votre pensée n’est plus libre. Jour et nuit, presque à votre insu, la propagande, sous toutes ses formes, la traite comme un modeleur le bloc de cire qu’il pétrit entre ses doigts. [...]

La formation de l’homme totalitaire précède la formation du régime totalitaire. Évidemment, l’espèce de citoyen dont je viens de parler est plus commode à manier qu’une autre, et les démocraties trouvent que c’est là un matériel humain qui facilite grandement leurs expériences de dirigisme les plus absurdes, pour ne pas dire les plus désespérées. Les démocraties, à coup de règlements contradictoires, sont en train de créer tout doucement un type d’homme parfaitement adapté d’avance aux dictatures. »

— Georges Bernanos, « La liberté, pour quoi faire ? » (1953, posthume), dans Essais et écrits de combat, éd. Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1995, t. II, p. 1302-1321


« Le monde moderne n’a pas le temps d’espérer, ni d’aimer, ni de rêver. »

— Georges Bernanos, « Les Enfants humiliés » (1949, posthume), dans Essais et écrits de combat, éd. Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1972, t. I, p. 899


« La gigantesque machinerie nous couvre de son ombre sacrée. [...] La classe dirigeante moderne a bénéficié longtemps de ce mythe, le mythe du progrès a plus ou moins justifié depuis deux siècles la résignation des misérables. »

— Georges Bernanos, « Les Enfants humiliés » (1949, posthume), dans Œuvres romanesques, éd. Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1961, p. 840-841


« Les Français n’ont plus de patrie [...].

On a substitué au sentiment de la patrie la notion juridique de l’État. Aucun homme de bon sens ne saurait, naturellement, traiter l’État en camarade. On a volé aux Français sinon la Patrie, du moins l’image qu’ils en avaient dans le cœur. Se former une image de l’État n’est certes pas à la portée des pauvres diables. Autant leur demander de se faire une idée de l’Église sans le Christ et les Évangiles — sorte de spéculation réservée aux initiés maurrassiens. [...]

La France ne ressemble plus aux Français, elle n’a ni leurs vertus ni leurs vices, ni aucun de ces défauts qui leur sont plus chers que leurs vices ou leurs vertus, elle ne parle même pas leur langage, elle ne dit rien, elle est l’idole muette d’un peuple bavard. L’État s’est substitué à la Patrie comme l’administration cléricale se serait substituée, depuis longtemps – si Dieu n’y mettait ordre – à la moribonde Chrétienté. [...]

On a volé la France aux Français, depuis qu’on leur a mis dans la tête que la France était uniquement l’œuvre de l’État, non la leur, que le seul devoir des bons Français était de faciliter la tâche de l’État. »

— Georges Bernanos, « Les Enfants humiliés » (1949, posthume), dans Œuvres romanesques, éd. Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1961, p. 810-813


« Le danger n’est pas dans la multiplication des machines, mais dans le nombre sans cesse croissant d’hommes habitués, dès leur enfance, à ne désirer que ce que les machines peuvent donner. »

— Georges Bernanos, « Le Chemin de la Croix-des-Âmes » (1948), dans Essais et écrits de combat, éd. Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1995, t. II, p. 664


« L’heure viendra peut-être où il sera de nouveau digne de défendre son âme contre l’État-Robot. Mais l’État-Robot ne se préoccupe même plus de l’âme, il n’en veut maintenant qu’à la peau, il faut que l’homme sauve sa peau. »

— Georges Bernanos, « Fin de la civilisation humaine ? » (18 juin 1947), dans Essais et écrits de combat, éd. Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1995, t. II, p. 1192


« [...] les régimes jadis opposés par l’idéologie sont maintenant étroitement unis par la technique. »

— Georges Bernanos, « La France contre les robots » (1947), dans Essais et écrits de combat, éd. Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1995, t. II, p. 


« La civilisation française, héritière de la civilisation hellénique, a travaillé pendant des siècles pour former des hommes libres, c’est-à-dire pleinement responsables de leurs actes : la France refuse d’entrer dans le Paradis des robots. »

— Georges Bernanos, « La France contre les robots » (1947), dans Essais et écrits de combat, éd. Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1995, t. II, p. 1057


« Dans la lutte plus ou moins sournoise contre la vie intérieure, la Civilisation des Machines ne s’inspire, directement du moins, d’aucun plan idéologique, elle défend son principe essentiel, qui est celui de la primauté de l’action. La liberté d’action ne lui inspire aucune crainte, c’est la liberté de penser qu’elle redoute. Elle encourage volontiers tout ce qui agit, tout ce qui bouge, non sans raison, que ce que nous donnons à la vie intérieure est perdu pour la communauté. Lorsque l’idée du salut a une signification spirituelle, on peut justifier l’existence des contemplatifs — c’est ce que fait l’Église au nom de la réversibilité des mérites et de la Communion des Saints. Mais dès qu’on a fait descendre du ciel sur la terre l’idée du salut, si le salut de l’homme est ici-bas, dans la domination chaque jour plus efficiente de toutes les ressources de la planète, la vie contemplative est une fuite ou un refus. Pour employer une autre expression de l’avant-dernière guerre, dans la Civilisation des Machines tout contemplatif est un embusqué. »

— Georges Bernanos, « La France contre les robots » (1947), dans Essais et écrits de combat, éd. Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1995, t. II, p. 1053


« [...] l’État technique n’aura demain qu’un seul ennemi : “l’homme qui ne fait pas comme tout le monde” — ou encore : “l’homme qui a du temps à perdre” — ou plus simplement si vous voulez : “l’homme qui croit à autre chose qu’à la Technique”. »

— Georges Bernanos, « La France contre les robots » (1947), dans Essais et écrits de combat, éd. Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1995, t. II, p. 1099


« J’affirme une fois de plus que l’avilissement de l’homme se marque à ce signe que les idées ne sont plus pour lui que des formules abstraites et conventionnelles, une espèce d’algèbre, comme si le Verbe ne se faisait plus chair, comme si l’Humanité reprenait, en sens inverse, le chemin de l’Incarnation. »

— Georges Bernanos, « La France contre les robots » (1947), dans Essais et écrits de combat, éd. Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1995, t. II, p. 1037


« On ne comprend absolument rien à la civilisation moderne si l’on n’admet pas d’abord qu’elle est une conspiration universelle contre toute espèce de vie intérieure. »

— Georges Bernanos, « La France contre les robots » (1947), dans Essais et écrits de combat, éd. Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1995, t. II, p. 1076


« L’homme d’autrefois ne ressemblait pas à celui d’aujourd’hui. [...] Il n’eût jamais appartenu aux troupeaux que nous voyons s’avancer tristement les uns contre les autres, en masses immenses derrière leurs machines, chacun avec ses consignes, son idéologie, ses slogans [...] et répétant jusqu’à la fin, avec la même résignation imbécile, la même conviction mécanique : “C’est pour mon bien... c’est pour mon bien...” Loin de penser comme nous, à faire de l’État son nourricier, son tuteur, son assureur, l’homme d’autrefois n’était pas loin de le considérer comme un adversaire contre lequel n’importe quel moyen de défense est bon, parce qu’il triche toujours. »

— Georges Bernanos, « La France contre les robots » (1947), dans Essais et écrits de combat, éd. Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1995, t. II, p. 998-999


« Une civilisation ne s’écroule pas comme un édifice ; on dirait beaucoup plus exactement qu’elle se vide peu à peu de sa substance, jusqu’à ce qu’il n’en reste plus que l’écorce. On pourrait dire plus exactement encore qu’une civilisation disparaît avec l’espèce d’homme, le type d’humanité, sorti d’elle. L’homme de notre civilisation de la civilisation française — qui fut l’expression la plus vive et la plus nuancée, la plus hellénique, de la civilisation européenne, a disparu pratiquement de la scène de l’Histoire [...]. »

— Georges Bernanos, « La France contre les robots » (1947), dans Essais et écrits de combat, éd. Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1995, t. II, p. 993


« Le petit bourgeois français n’avait certainement pas assez d’imagination pour se représenter un monde comme le nôtre si différent du sien, un monde où à chaque carrefour la Police d’État guetterait les suspects, filtrerait les passants, ferait du moindre portier d’hôtel, responsable de ses fiches, son auxiliaire bénévole et public. Mais tout en se félicitant de voir la Justice tirer parti, contre les récidivistes, de la nouvelle méthode, il pressentait qu’une arme si perfectionnée, aux mains de l’État, ne resterait pas longtemps inoffensive pour les simples citoyens. C’était sa dignité qu’il croyait seulement défendre, et il défendait avec elle nos sécurités et nos vies. Depuis vingt ans, combien de millions d’hommes, en Russie, en Italie, en Allemagne, en Espagne, ont été ainsi, grâce aux empreintes digitales, mis dans l’impossibilité non pas seulement de nuire aux Tyrans, mais de s’en cacher ou de les fuir ? Et ce système ingénieux a encore détruit quelque chose de plus précieux que des millions de vies humaines. L’idée qu’un citoyen, qui n’a jamais eu affaire à la Justice de son pays, devrait rester parfaitement libre de dissimuler son identité à qui lui plaît, pour des motifs dont il est seul juge, ou simplement pour son plaisir, que toute indiscrétion d’un policier sur ce chapitre ne saurait être tolérée sans les raisons les plus graves, cette idée ne vient plus à l’esprit de personne. Le jour n’est pas loin peut-être où il nous semblera aussi naturel de laisser notre clef dans la serrure, afin que la police puisse entrer chez nous nuit et jour, que d’ouvrir notre portefeuille à toute réquisition. Et lorsque l’État jugera plus pratique, afin d’épargner le temps de ses innombrables contrôleurs, de nous imposer une marque extérieure, pourquoi hésiterions-nous à nous laisser marquer au fer, à la joue ou à la fesse, comme le bétail ? L’épuration des Mal-Pensants, si chère aux régimes totalitaires, en serait grandement facilitée. »

— Georges Bernanos, « La France contre les robots » (1947), dans Essais et écrits de combat, éd. Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1995, t. II, p. 992-993


« Notre peuple a le droit de se dire quitte envers les Démocraties. De 1914 à 1918, il leur a sacrifié deux millions de morts et les trois quarts de la fortune nationale. En 1939, elles lui ont demandé le sacrifice total. »

— Georges Bernanos, « La France contre les robots » (1947), dans Essais et écrits de combat, éd. Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1995, t. II, p. 984


« Un monde gagné pour la Technique est perdu pour la Liberté. »

— Georges Bernanos, « La France contre les robots » (1947), dans Essais et écrits de combat, éd. Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1995, t. II, p. 981


« Il ne s’agit pas d’édifier à grand-peine des institutions libérales, il s’agit d’avoir encore des hommes libres à mettre dedans. »

— Georges Bernanos, « La France dans le monde de demain » (novembre 1944), dans Essais et écrits de combat, éd. Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1995, t. II, p. 948
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« Un idiot devrait comprendre que le suffrage universel doit devenir rapidement, sous un régime capitaliste, un trust comme les autres, et, dans un Régime socialiste à tendances totalitaires, un instrument de puissance au service de l’État — ce qu’il était d’ailleurs en Allemagne. Car c’est le plébiscite qui a fait Hitler, Hitler est sorti des entrailles du peuple, les peuples aussi font des monstres, il n’y a même qu’eux, sans doute, qui soient capables d’en faire. Me permettra-t-on une remarque à ce sujet, même si elle risque de n’être comprise par personne ? L’égalité prolétarise les peuples, les peuples deviennent des masses, et les masses donneront toujours des tyrans, car le tyran est toujours l’expression de la masse, sa sublimation. »

— Georges Bernanos, « La France dans le monde de demain » (novembre 1944), dans Essais et écrits de combat, éd. Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1995, t. II, p. 945-946


« [...] le sacrifice de l’Homme à l’Humanité, de l’Humanité au Progrès, pour aboutir ridiculement au sacrifice du Progrès lui-même à la dictature de l’Économique, tel fut le crime auquel restera toujours attaché le mot de la Démocratie, forme bourgeoise de la Révolution. »

— Georges Bernanos, « La France dans le monde de demain » (novembre 1944), dans Essais et écrits de combat, éd. Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1995, t. II, p. 944


« Certes, nous sommes encore tenus à de grands ménagements envers ce qu’on appelle l’ordre social, reprit-il sur un ton de confidence, mais que pouvons-nous désormais en sa faveur, je vous le demande ? Nous ne sommes pas des gendarmes, et notre rôle n’est que de justifier la misère aussi longtemps que la misère peut l’être. Aucune ne nous fait peur et nous avons remède à toutes, une seule exceptée, la vôtre. Je veux dire celle que vous avez inventée. Oui, monsieur, libre à vous d’instaurer un ordre d’où Dieu soit exclu, mais vous avez ainsi dénoncé le pacte. Oh ! sans doute l’antique alliance ne sera pas rompue en un jour, l’Église tient à la société, même déchue, par trop de liens ! L’heure viendra cependant où, dans un monde organisé pour le désespoir, prêcher l’espérance équivaudra tout juste à jeter un charbon enflammé au milieu d’un baril de poudre. Alors... »

— Georges Bernanos, « Monsieur Ouine (1943) », dans Œuvres romanesques, éd. Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1961, p. 1510


« Pour reprendre l’expression qui vous a surpris tout à l’heure, on ne peut nier que Dieu se soit fait petit depuis longtemps, très petit. D’où l’on conclut qu’il se fera petit demain comme hier, plus petit, de plus en plus petit. Rien, cependant, ne nous oblige à le croire. »

— Georges Bernanos, « Monsieur Ouine » (1943), dans Œuvres romanesques, éd. Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1961, p. 1508


« L’heure vient où sur les ruines de ce qui reste encore de l’ancien ordre chrétien, le nouvel ordre va naître qui sera réellement l’ordre du monde, l’ordre du Prince de ce Monde, du prince dont le royaume est de ce Monde. Alors, sous la dure loi de la nécessité plus forte que toute illusion, l’orgueil de l’homme d’Église, entretenu si longtemps par de simples conventions survivant aux croyances, aura perdu jusqu’à son objet. Et le pas des mendiants fera de nouveau trembler la terre. »

— Georges Bernanos, « Monsieur Ouine » (1943), dans Œuvres romanesques, éd. Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1961, p. 1494-1495


« La haine du prêtre est un des sentiments les plus profonds de l’homme, il en est aussi l’un des moins connus. Qu’il soit aussi vieux que l’espèce elle-même, nul n’en doute, mais notre âge l’a élevé à un degré presque prodigieux de raffinement et d’excellence. C’est que l’abaissement ou la disparition des autres puissances a fait du prêtre, pourtant si étroitement mêlé en apparence à la vie sociale, un être plus particulier, plus inclassable qu’aucun des vieillards magiques que l’ancien monde tenait enfermés au fond des temples, ainsi que des animaux sacrés, dans la seule familiarité des dieux. »

— Georges Bernanos, « Monsieur Ouine » (1943), dans Œuvres romanesques, éd. Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1961, p. 1494


« L’enfance est le sel de la terre. Qu’elle s’affadisse, et le monde ne sera bientôt que pourriture et gangrène. Pourriture et gangrène, reprit-il d’une voix haute et forte. »

— Georges Bernanos, « Monsieur Ouine » (1943), dans Œuvres romanesques, éd. Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1961, p. 1492


« Le diable, qui peut tant de choses, n’arrivera pas à fonder son église, une église qui mette en commun les mérites de l’enfer, qui mette en commun le péché. D’ici la fin du monde, il faudra que le pécheur pèche seul, toujours seul – nous pécherons seuls, comme on meurt. Le diable, voyez-vous, c’est l’ami qui ne reste jamais jusqu’au bout... »

— Georges Bernanos, « Monsieur Ouine » (1943), dans Œuvres romanesques, éd. Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1961, p. 1490


« La dernière disgrâce de l’homme, fit-il, est que le mal lui-même l’ennuie. »

— Georges Bernanos, « Monsieur Ouine » (1943), dans Œuvres romanesques, éd. Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1961, p. 1469


« L’homme libre n’a qu’un ennemi, c’est l’État Païen [...]. »

— Georges Bernanos, « Lettre aux Anglais » (1942), dans Essais et écrits de combat, éd. Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1995, t. II, p. 190


« Le monde moderne est là devant nous comme une immense machinerie, et, sachant ce que celle-ci a gaspillé d’argent et de travail, nous calculons ce qu’il en coûterait maintenant pour la démolir... »

— Georges Bernanos, « Lettre aux Anglais » (1942), dans Essais et écrits de combat, éd. Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1995, t. II, p. 179


« Nous ne demandons pas la justice absolue, mais une organisation de l’injustice assez humaine pour que, toujours écrasante pour la chair et le sang, elle ne soit pas intolérable aux consciences. Nous ne demandons pas l’égalité, mais une organisation des inégalités telle que, s’opposant les unes aux autres, elles se compensent dans la mesure du possible. »

— Georges Bernanos, « Lettre aux Anglais » (1942), dans Essais et écrits de combat, éd. Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1995, t. II, p. 151


« [...] les élites européennes sont menacées de payer très cher le dessein qu’elles avaient formé de lier à la cause de l’Église celle de la Bourgeoisie. »

— Georges Bernanos, « Lettre aux Anglais » (1942), dans Essais et écrits de combat, éd. Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1995, t. II, p. 140


« Les peuples ne veulent plus d’un matérialisme camouflé, d’un matérialisme qui, pour se définir et se justifier, exploite le vocabulaire du Moral et du Spirituel, avec la complicité d’un grand nombre de chrétiens. Ils préfèrent la misère et la mort à la médiocrité insidieuse qui recouvre peu à peu notre civilisation comme d’une moisissure, à la médiocrité polytechnique, à l’affreux néant du confort. »

— Georges Bernanos, « Lettre aux Anglais » (1942), dans Essais et écrits de combat, éd. Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1995, t. II, p. 139


« Les élites ont gardé les titres et perdu la tradition. Les peuples ont la tradition, mais pas de titres. »

— Georges Bernanos, « Lettre aux Anglais » (1942), dans Essais et écrits de combat, éd. Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1995, t. II, p. 138


« Méfiez-vous de l’Europe, Américains ! Vous êtes sans doute un peu trop portés à croire que, au terme de cet horrible cauchemar, la vieille Europe aura épuisé toutes ses réserves spirituelles, et que vous n’aurez plus qu’à y écouler votre propre stock comme vous la réapprovisionnerez généreusement en blé ou en pommes de terre. [...] Méfiez-vous de l’Europe, hommes d’Amérique ! Vous êtes jeunes, elle est peut-être plus jeune que vous [...]. »

— Georges Bernanos, « Lettre aux Anglais » (1942), dans Essais et écrits de combat, éd. Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1995, t. II, p. 137-138


« Les dictateurs ne se présentent plus à leur peuple, le fouet au poing ; ils lui disent : “Nous n’en voulons à rien qui te soit réellement utile, nous n’en voulons qu’à ton âme. Consens à nous, comme tu consens aux autres nécessités de la vie, ne discute pas notre droit, laisse-nous juger à ta place du bien et du mal. Donne-nous ton âme une fois pour toutes, et tu t’apercevras bien vite qu’il ne t’en a coûté qu’un sacrifice d’amour-propre, qu’elle t’était une charge au-dessus de tes forces, un luxe ruineux. Renie ton âme et, dispensé ainsi de te gouverner, nous t’administrerons comme un capital, nous ferons de toi un matériel si efficace, que rien ne pourra y résister. Les hommes sans conscience, groupés en colonies comparables à celles des termites, auront facilement raison des autres. La Bête humaine, industrieuse et sagace, soigneusement sélectionnée, selon les meilleures méthodes, ne fera qu’une bouchée du pauvre rêveur qu’on appelait autrefois l’homme moral, assez sot pour payer d’épreuves sans nombre la vaine gloire de se distinguer des animaux par d’autres qualités qu’une ruse et une cruauté supérieures. Toutes les richesses de la terre appartiennent d’avance à ceux qui se seront engagés les premiers dans la nouvelle voie, qui auront les premiers renié leurs âmes.” »

— Georges Bernanos, « Lettre aux Anglais » (1942), dans Essais et écrits de combat, éd. Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1995, t. II, p. 133-134


« Le diable est le plus grand des logiciens ; il n’y a pas de logique comparable à la logique de l’Enfer. N’attendez donc aucun secours de la Lettre ; l’Esprit seul peut vous sauver. Croyants ou incroyants, tout affaiblissement de l’esprit chrétien est une catastrophe pour chacun de vous. Devant le péril qui nous menace, nous sommes solidaires : nous nous sauverons ou nous périrons ensemble. Le mot de charité n’a peut-être pas, pour beaucoup d’entre vous, un sens très précis, n’importe ! Chaque parcelle de la divine charité du Christ est aujourd’hui plus précieuse à votre sécurité — à votre sécurité, dis-je — que tout le numéraire enfermé dans les caisses de la Banque Nationale américaine. »

— Georges Bernanos, « Lettre aux Anglais » (1942), dans Essais et écrits de combat, éd. Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1995, t. II, p. 119


« Toute l’histoire militaire française a été faite par les nobles et le peuple. »

— Georges Bernanos, « Lettre aux Anglais » (1942), dans Essais et écrits de combat, éd. Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1995, t. II, p. 49


« La bourgeoisie a été tout en effet. Elle a détruit notre Monarchie, brisé les cadres d’une société millénaire, absorbé ou corrompu la petite noblesse paysanne et militaire dont elle méprisait la pauvreté, sans prévoir qu’elle portait ainsi un coup fatal, non à quelques braves gens inoffensifs qu’elle jalousait, mais à la tradition militaire et paysanne qui avait fait la grandeur de notre nation. Elle s’est emparée de notre ancien domaine, elle l’a hypothéqué au delà de sa valeur afin de le transformer selon son goût, puis elle a péri de sa propre victoire. L’actuelle bourgeoisie française n’est plus guère qu’un carrefour où se rencontrent tous les transfuges du prolétariat, et qui méprisent la classe dont ils sont sortis. »

— Georges Bernanos, « Lettre aux Anglais » (1942), dans Essais et écrits de combat, éd. Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1995, t. II, p. 29


« La colère des imbéciles remplit le monde. »

— Georges Bernanos, « Les Grands Cimetières sous la lune » (1938), dans Essais et écrits de combat, éd. Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1972, t. I, p. 


« Que d’hommes qui crurent aussi en avoir fini pour toujours des entreprises de l’âme, s’éveillèrent entre les bras de leur ange, ayant reçu au seuil de l’enfer ce don sacré des larmes, ainsi qu’une nouvelle enfance ! »

— Georges Bernanos, « L’Imposture » (1927), dans Œuvres romanesques, éd. Gallimard, coll. « Bibliothèque de la Pléiade », 1961, p. 380
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Textes

Bibliographie

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