Différences entre les versions de « L’Homme nomade - Jacques Attali »
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− | Aujourd’hui s’achève l’hégémonie du dernier empire sédentaire, les États-Unis, et commence une véritable lutte entre les trois forces nomades aspirant à le remplacer, le marché, la démocratie, la foi [...] Comme le marché et la démocratie, le monothéisme est une découverte de nomade [...] La plupart des entreprises sont organisées sur le modèle des troupes de théâtre, rassemblant des compétences pour remplir des rôles donnés pour un temps limité, puis se dispersant. D’autres, plus rares, sont organisées sur le modèle des cirques, rassemblant des attractions changeantes autour d’une marque mondialement reconnue. | + | Aujourd’hui s’achève l’hégémonie du dernier empire sédentaire, les États-Unis, et commence une véritable lutte entre les trois forces nomades aspirant à le remplacer, le marché, la démocratie, la foi [...]. |
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Version actuelle datée du 2 juin 2024 à 21:08
Jacques Attali, L’Homme nomade (2003), éd. Le Livre de Poche, 2005 (ISBN 9782253108948).
Aujourd’hui s’achève l’hégémonie du dernier empire sédentaire, les États-Unis, et commence une véritable lutte entre les trois forces nomades aspirant à le remplacer, le marché, la démocratie, la foi [...].
Comme le marché et la démocratie, le monothéisme est une découverte de nomade [...]
La plupart des entreprises sont organisées sur le modèle des troupes de théâtre, rassemblant des compétences pour remplir des rôles donnés pour un temps limité, puis se dispersant. D’autres, plus rares, sont organisées sur le modèle des cirques, rassemblant des attractions changeantes autour d’une marque mondialement reconnue.
Les hypernomades (artistes, détenteurs d’un actif nomade, brevet ou savoir-faire) sont les maîtres de cette troisième mondialisation. Sans attache sédentaire, ils sont les vedettes des « cirques » et des « troupes de théâtre ». Ils forment une hyperclasse regroupant quelques dizaines de millions d’individus. Ils constituent le réseau gouvernant le monde, à la recherche de nouvelles conquêtes, [...] de nouvelles colonies [...].
Si la mondialisation l’emporte, le Marché lui-même, devenu empire d’un genre nouveau, hyperempire mondial, nomade, dégagé des exigences et servitudes d’une nation, doté de sa propre armée privée, de son système juridique et de ses propres institutions, sera l’aboutissement du capitalisme planétaire.
Aussi les moteurs initiaux de l’Histoire ne sont-ils pas les orgueilleuses nations qui paradent aujourd’hui, mais de hautes civilisations vagabondes, presque toutes disparues.
Après tout, dit Maïmonide, l’islam est un monothéisme et les mosquées, à la différence des églises, ne renferment pas d’idoles, « ces objets de pierre et de bois ». L’islam est même pour lui « le plus pur des monothéismes parce qu’il n’y a pas de Trinité ». [...]
Les Européens furent de si grands massacreurs de nomades [...].
Le marché comme la foi auront leur place : la transhumanité est la condition de la diversité. Le transhumain aura le droit d’appartenir à plusieurs tribus à la fois, obéissant, selon les lieux où il se trouve à diverses règles d’appartenance, [...] à de multiples codes d’hospitalités. [...] De même, il pourra vivre des passions simultanées, des sincérités parallèles. En particulier, la polyandrie et la polygamie lui permettront de partager avec d’autres, provisoirement ou durablement un toit, des biens, des projets, un compagnon ou une compagne, sans pour autant désirer avoir ou élever ensemble des enfants ni porter le même nom, ni même avoir des relations sentimentales ou sexuelles, retrouvant ainsi les pratiques variées de certains peuples nomades, tels les Nuers d’Afrique [...].