Différences entre les versions de « George Steiner »
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Par trois fois, dans l’histoire de l’Occident, le Juif s’est efforcé d’affronter la conscience humaine avec le concept d’un Dieu unique et les conséquences morales normatives de ce concept. Appréhendé en toute rigueur, le Dieu mosaïque est inconcevable, incompréhensible, invisible, inaccessible, in-humain au sens radical du mot. Il est aussi vide que l’air du désert. S’il est une théologie juive, elle est négative. Où le polythéisme, hellénique en particulier, peuple chaque feuille, chaque branche ou rocher de voisins divins, d’une immanence prodigue, humains — trop humains dans leurs vanités, dans leurs tours et leurs lubricités —, le Sinaï vide de toute proximité divine discernable l’habitat de l’homme naturel. Il exige l’abstraction portée à l’extrême. Il condamne les images et rend l’imaginaire blasphématoire. La métaphore, par quoi nous peuplons et dramatisons notre questionnement de la réalité, par quoi nous jetons des ponts par-delà l’abysse de l’inconnu, est supprimée. » | Par trois fois, dans l’histoire de l’Occident, le Juif s’est efforcé d’affronter la conscience humaine avec le concept d’un Dieu unique et les conséquences morales normatives de ce concept. Appréhendé en toute rigueur, le Dieu mosaïque est inconcevable, incompréhensible, invisible, inaccessible, in-humain au sens radical du mot. Il est aussi vide que l’air du désert. S’il est une théologie juive, elle est négative. Où le polythéisme, hellénique en particulier, peuple chaque feuille, chaque branche ou rocher de voisins divins, d’une immanence prodigue, humains — trop humains dans leurs vanités, dans leurs tours et leurs lubricités —, le Sinaï vide de toute proximité divine discernable l’habitat de l’homme naturel. Il exige l’abstraction portée à l’extrême. Il condamne les images et rend l’imaginaire blasphématoire. La métaphore, par quoi nous peuplons et dramatisons notre questionnement de la réalité, par quoi nous jetons des ponts par-delà l’abysse de l’inconnu, est supprimée. » | ||
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+ | |année d'origine=1997 | ||
+ | |traducteur=Pierre-Emmanuel Dauzat | ||
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« '''Tous brûlés, les papiers. Rasé, le village natal de son père. Les archives de Linz mises à sac une semaine après son accession à la Chancellerie. Et une pierre tombale à Bucarest. Le nom [[Adolf Hitler|Hitler]] sous une étoile de David. [[Adolf Hitler]].''' » | « '''Tous brûlés, les papiers. Rasé, le village natal de son père. Les archives de Linz mises à sac une semaine après son accession à la Chancellerie. Et une pierre tombale à Bucarest. Le nom [[Adolf Hitler|Hitler]] sous une étoile de David. [[Adolf Hitler]].''' » |
Version du 20 juillet 2018 à 15:00
Citationes
« Ce qu'on ne pardonne pas au juif, ce n'est pas d'avoir tué Dieu, mais de l’avoir “engendré”.
Par trois fois, dans l’histoire de l’Occident, le Juif s’est efforcé d’affronter la conscience humaine avec le concept d’un Dieu unique et les conséquences morales normatives de ce concept. Appréhendé en toute rigueur, le Dieu mosaïque est inconcevable, incompréhensible, invisible, inaccessible, in-humain au sens radical du mot. Il est aussi vide que l’air du désert. S’il est une théologie juive, elle est négative. Où le polythéisme, hellénique en particulier, peuple chaque feuille, chaque branche ou rocher de voisins divins, d’une immanence prodigue, humains — trop humains dans leurs vanités, dans leurs tours et leurs lubricités —, le Sinaï vide de toute proximité divine discernable l’habitat de l’homme naturel. Il exige l’abstraction portée à l’extrême. Il condamne les images et rend l’imaginaire blasphématoire. La métaphore, par quoi nous peuplons et dramatisons notre questionnement de la réalité, par quoi nous jetons des ponts par-delà l’abysse de l’inconnu, est supprimée. »
« Tous brûlés, les papiers. Rasé, le village natal de son père. Les archives de Linz mises à sac une semaine après son accession à la Chancellerie. Et une pierre tombale à Bucarest. Le nom Hitler sous une étoile de David. Adolf Hitler. »
« Bâillonnez-le s’il le faut ou bouchez-vous les oreilles, comme le fit Ulysse le marin. Si vous lui donnez la parole, il vous dupera et vous échappera [...]. Sa langue est comme nulle autre. »
Hitler est « le Second Messie, annoncé par Malchiel. »
« Je sais quand Hitler mourra. Je connais le jour. Le jour où le dernier Juif sera mort. »
« Ils veulent que nous fassions leur sale boulot et que nous le déclarions seul et unique coupable. À lui seul de porter la couronne d’épines. À lui le blâme. Que les Juifs le pendent haut et court. C’est lui qui a tout fait. Les Juifs le savent bien, eux. Nous sommes maintenant lavés de toute accusation. D’abord, ils ont mis le Christ en croix et maintenant Hitler. Dieu a choisi le Juif. Comme bourreau. »
« Ce qui nous menace, c'est un mélange d'une monotonie atroce : tuer une langue, tuer une culture, tuer une tribu, tuer une ethnie, c'est vraiment détruire une des possibilités de l'avenir, de l'avenir du verbe humain. Il y a encore des peuples qui luttent pour être eux-mêmes, pour se maintenir. Toute cette question, qu'on débat tellement maintenant au nom du libéralisme, du mariage mixte, entre religions, entre races et, beaucoup plus simple, entre traditions, entre cultures locales, est très complexe, ça peut marcher, souvent ça marche très très mal et je crois que la vraie menace n'est pas le racisme, c'est au contraire, une espèce de standardisation vers le plus bas niveau. »
— George Steiner, « Apostrophes », Antenne 2, 9 octobre 1981